La fabuleuse légende du matcha

La fabuleuse légende du thé matcha prend racine bien avant notre époque. La majeure partie des historiens et spécialistes s’accordent en effet pour dire que son histoire débute il y a environ 1300 ans.
Ce met hors-du-commun, notamment reconnu pour ses effets bénéfiques sur la santé mais aussi pour sa symbolique, est un produit issu de la culture japonaise, fruit d’une histoire ancestrale imprégnée de l’esprit “zen”. En effet, il est aujourd’hui encore consommé par les moines bouddhistes zen, et ce depuis plus de 800 ans.
Cependant, il est important de souligner, pour débuter notre récit, que le matcha est bien souvent considéré à  tort comme un thé japonais mais que le concept original, à savoir le procédé de mouture et de consommation en boisson des feuilles de thé est originaire de Chine. Dans ce pays voisin du Japon, l’histoire de cette pratique remonte au VIIIe siècle où bouddhistes adeptes de la philosophie zen (dits Chán) ont adopté cette pratique. En effet, on estime qu’ils ont développé cette habitude de consommer le matcha sous forme de boisson depuis l’an 960 après J.-C !

A cette époque, les moines Chán ont fait une découverte extraordinaire: le fait que le thé vert pouvait aisément être moulu et bu sans pour autant perdre la moindre propriété nutritive de la feuille de thé. Cela leur ouvrit donc un tout nouveau champ de possibilités !

Ils se mirent à préparer en suivant un rituel bien particulier (on vous en dit plus par ici !) pouvant se résumer ainsi :

  • Prélèvement de quelques feuilles
  • Broyage à l’aide d’un mortier et d’un pilon jusqu’à obtention d’une poudre fine
  • Fouettage de la poudre de thé; mélange avec de l’eau chaude dans un bol spécifique

Cette façon de préparer la mixture est d’une solennité presque religieuse et posait à l’époque les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui encore la cérémonie de préparation du thé.
Très vite, les consommateurs de matcha remarquèrent qu’il semblait avoir plusieurs points positifs: meilleure santé, éveil de l’esprit, amélioration des capacités cognitives, efficacité de la méditation accrue etc … (en voir plus sur les bienfaits du matcha ici)
De manière naturelle, la consommation de ce produit devint de plus en plus forte, jusqu’à devenir quotidienne pour cette communauté bien particulière.

Première partie

L’arrivée au Japon, début de la gloire

L’entrée du thé matcha au Japon est traditionnellement attribué à un moine bouddhiste du pays: Eisai. C’est lors d’un voyage spirituel en Chine qu’il trouva sur sa route une nouvelle forme de pratique du bouddhisme: le Chàn (zen).
Intéressé par cette philosophie et cette manière de pratiquer, Eisai resta un certain temps auprès de cette communauté. Il étudia le bouddhisme zen et ramena ses observations et connaissances dans son pays natal. C’est ainsi qu’Eisai fonda le tout premier temple zen du Japon.
Vous l’aurez deviné, outre son savoir et ses enseignements, Eisai ramena autre chose de son voyage en Chine: quelques grammes de poudre de thé vert.

Le processus de l’époque n’était pas fondamentalement différent d’aujourd’hui, la technologie en moins. Pour commencer, il fallait torréfier les feuilles de thé pour ensuite être broyées en poudre. Cette dernière était était par la suite mélangée dans de l’eau chaude, élément indispensable à l’infusion ! Bien entendu, le traditionnel fouet (appelé Chasen en japonais) était de mise pour une émulsion parfaite.

Selon la légende; adepte de cette préparation, Eisai fut rapidement un grand consommateur de cette boisson et inséparable de son bol et tout son matériel de préparation. Un des premiers tea-addict !
Outre ces aspects singuliers du thé, quelque chose de plus intéressant encore acheva de convaincre Eisai: les effets bénéfiques incroyables du matcha.

Rapidement, il se rendit compte que cette simple poudre verte, mélangée à de l’eau, portait en son sein nombre de bénéfices. Il réalisa notamment qu’elle l’aidait à totalement alerte pendant ses séances de méditation.

Comme si cela ne suffisait pas, elle préservait également la bonne santé de ceux qui la consommait ! Autant de bonnes raisons d’adopter la consommation du matcha et de l’amener à ses confrères.

Importation du matcha au Japon

Comment Eisai a-t-il fait pour importer le Matcha dans son pays d’origine ?

Temple Zen érigé à Kyoto, dans le jardin de Kennin-ji.
Temple Zen érigé à Kyoto, dans le jardin de Kennin-ji.

Les premiers plants ramené par Eisai furent planté au temple Zen qu’il avait érigé à Kyoto, dans le jardin de Kennin-ji. Fait amusant, Kyoto est encore aujourd’hui considéré comme l’un des tout meilleurs districts producteurs de matcha !

Bien entendu, cet import ne se fit pas sans quelques entorses à la tradition. Ainsi, Eisen réinventa notamment la préparation du matcha en y intégrant l’étiquette de la célèbre cérémonie du thé japonaise. Il continua plusieurs années durant à promouvoir ce produit aux vertus hors-du-commun auprès de son entourage. Ainsi, nous trouvons des mentions du matcha, de ses qualités et de toute la légende gravitant autour dans plusieurs écrits datant de cette époque.

Cependant, sans que l’on sache réellement pourquoi, le matcha est peu à peu tombé dans l’oubli, notamment auprès des intellectuels chinois. Etant donné que c’est eux-mêmes qui écrivaient les récits de l’époque, le matcha a commencé à disparaître. Peu à peu remplacée par d’autres formes de thé chinois, cette fameuse poudre de thé vert s’apprêtait cependant à connaître un regain de popularité inouï .

La montée en puissance du matcha

Le matcha est longtemps resté discret et peu répandu, réservé à deux castes bien particulières: les hautes sphères intellectuelles japonaises et les guerriers Samouraï. Ces derniers, appelés Shogun, réalisèrent rapidement l’utilité du matcha et son intérêt vis-à-vis de leur mode de vie. Ainsi, ils comprirent les incroyables bienfaits du matcha et se mirent à en boire avant d’aller au combat. Tout comme pour les moines, cela leur permettait d’avoir un formidable regain d’énergie et une réactivité accrue, avantages non négligeables pour se battre au sabre !

A cette époque, le matcha était donc un produit réservé aux élites et Shoguns du pays, et était cultivé en quantités très limitées.
Cependant, le matcha a progressivement continué de gagner en popularité jusqu’à la fin du XVIe siècle. Au fil des ans, les différents producteurs de matcha ont commencé à maîtriser de meilleures techniques de culture. Peu à peu, ils ont perfectionné leurs connaissances du matcha pour de plus grandes qualités et quantités de production.

Tandis que la popularité du matcha s’étendait peu à peu au grand public, certains s’affairaient à perpétuer la tradition de la cérémonie du thé: les moines bouddhistes zen. Ces derniers voulaient que cette cérémonie demeure une occasion de célébrer les plaisirs simples de la vie tout en promouvant la méditation.
Peu à peu, des codes très précis apparurent et avec eux leur signification. Ainsi, la cérémonie avait ses propres concepts esthétiques, appelés sabi et wabi. Le sabi constitue une métaphore des choses matérielles de la vie, tandis que le wabi concerne plus précisément les aspects de la vie spirituelle.

Les moines, dans l’essence même de leur mode de vie, accordaient une importance toute particulière à la compréhension du vide de l’existence. Cette assimilation de ce qui les entoure était la meilleure voie vers le nirvana et la plénitude. Ces deux notions complémentaires (à la manière des fameux Yin et Yang) donnèrent lieu à une multitude de nouvelles formes d’art et d’architecture au gré du développement de ce que nous connaissons aujourd’hui comme « le chemin du thé ».
Ce dernier est constitué sur des principes essentiels aux yeux des moines et aujourd’hui de la population japonaise de manière générale: pureté, tranquillité, harmonie et respect. Principes encore et toujours observés dans les cérémonies du thé japonaises actuelles !

De nos jours

Le thé matcha aujourd’hui

C’est aux alentours de 1835 que les spécialistes estiment l’apparition du Tencha. Il s’agit d’un thé dit “d’ombre” issu d’un nouveau procédé de culture (les feuilles sont couvertes 10 à 20 jours avant leur récolte, d’où l’utilisation du mot ombre). C’est suite à cette nouveauté que la production du matcha à partir de thé vert courant fut ralentie puis stoppée.
C’est ce fameux Tencha ou « thé d’ombre », qui développe les saveurs reconnaissables entre mille du matcha : douces, riches, et raffinées.

Depuis plus de 800 ans, le thé matcha a occupé une place très spéciale dans la culture et le style de vie japonais. D’une introduction discrète, il s’est peu à peu imposé pour finalement devenir un élément rayonnant dans le monde entier. Ses vertus exceptionnelles, son histoire et même son aspect marquant ont fait du matcha un aliment sans pareil.

Les propriétés bénéfiques du matcha permettent notamment de,

Bienfaits

  • 1
    Accroître la longévité
  • 2
    Améliorer le métabolisme
  • 3
    Réduire le stress quotidien
  • 4
    Booster le système immunitaire
  • 5
    Réduire les niveaux de cholestérol
  • 6
    Combattre les toxines cancérigènes

Bien que les moines et autres consommateurs de matcha aient bénéficié des vertus du matcha pendant des siècles, il était jusqu’à récemment difficile de mesurer et vérifier l’intégralité des bienfaits qui lui étaient attribués. Cependant les avancées scientifiques modernes ont permis de mieux l’étudier et de comprendre l’origine de ces bienfaits et leurs implications positives sur nos vies quotidiennes.

Grâce à cela, la consommation de matcha s’est récemment démocratisée au fil du temps et internationalisée. Tout un chacun a désormais accès au matcha !
La grande majorité des consommateurs s’est affranchie des cérémonies du thé. Chacun s’est approprié cette boisson et a adapté sa consommation à la culture gastronomique de son pays: chaud, froid, cuisiné ou non…
Certains regretteront cette disparition progressive des traditions ancestrales.
Plutôt que de contempler le temps passé, nous préférons admirer le futur radieux et nous réjouir du fait qu’un nombre de plus en grand de personnes ait accès à cette prodigieuse boisson !